Le Pouvoir Transformateur du Voyage : Périple en Islande

Il y a les vacances et il y a les voyages. Généralement, les vacances sont synonymes de repos, déconnexion, farniente, plage. Les voyages, eux, évoquent la découverte, l’exploration, parfois même l’aventure. Et si le voyage en terres inconnues était une métaphore de notre voyage intérieur, révélant le pouvoir transformateur du voyage ?

Dans notre évolution personnelle, nous traversons des paysages intérieurs très diversifiés. Parfois des déserts, ponctués de moments qui ressemblent à une oasis et nous permettent de nous régénérer avant de repartir pour une autre traversée du désert. Parfois, des paysages verdoyants et enchanteurs qui nous portent haut et loin, guérissent nos plaies, nous apportent beaucoup d’énergie et de bonheur. A d’autres moments, se présentent des montagnes qui nous paraissent insurmontables, et nous décidons de les affronter ou de les contourner, selon notre état d’esprit.

Tous ces paysages intérieurs sont rythmés par nos propres choix : comment les abordons-nous ? Avec quel état d’esprit ? Sommes-nous proactifs ou les subissons-nous ? Qu’apprenons-nous de chaque montagne, de chaque désert ? Dans quelle mesure apprécions-nous vraiment les vallées verdoyantes emplies de bonheur ? Dans ce billet, je vais vous parler de mon dernier voyage, en Islande, et comment le pouvoir transformateur du voyage s’est manifesté à travers les expériences vécues, me permettant de grandir un peu plus.

Les paysages typiques islandais, refuge et champs de lave, le pouvoir transformateur du voyage
Ancien refuge près des sources chaudes de Hveravellir (image non libre de droit)

Mon Dada en Voyage

Je suis cavalière, et découvrir différents pays à cheval, c’est mon dada (si je peux me permettre le jeu de mots !). Le type de voyages que je préfère, c’est celui en itinérance avec différentes étapes et des points de chute toujours différents. Selon les voyages, ce sont parfois des hébergements assez confortables, parfois c’est du bivouac, et en Islande, c’étaient des refuges de montagne (sortes de chalets plus ou moins grands, avec ou sans douche et parfois même sans électricité). Quoi qu’il en soit, ces voyages sont des expériences souvent incroyables et extraordinaires, et l’Islande est aujourd’hui en tête de mon top 3. Je vous raconte ici pourquoi.

Départ imminent pour une nouvelle étape après une nuit au refuge Árbúðir
(image non libre de droit)
Pause pour les chevaux et les cavaliers avant de reprendre la route
(image non libre de droit)

Le Pouvoir de la Solitude : Se reconnecter à soi-même

Bien que je ne voyage pas seule lors de ces voyages (nous sommes souvent un groupe de cavaliers internationaux) être à cheval permet de se retrouver seul. Il m’est possible de m’isoler, d’apprécier des moments de solitude sur mon cheval. De plus, être à cheval m’aide à me reconnecter à moi-même, à mes émotions, mais aussi à me recentrer et à prendre de la hauteur sur les choses. Je peux ainsi mieux évaluer mes besoins et réfléchir à des situations différemment.

Heureusement, on n’a pas besoin d’être à cheval pour faire cela. Marcher ou faire du vélo dans la nature permet de faire cette même connexion à soi-même. Quelle que soit la façon dont on voyage, partir loin de chez soi, s’immerger dans la nature sur des terres lointaines, permet de prendre du recul sur ce que l’on vit, de « dézoomer » certaines situations et d’en avoir une perception différente, de relativiser. Dans ces moments, le pouvoir transformateur du voyage prend tout son sens, il nous aide à voir nos vies sous un angle nouveau. Cela peut donc être le moment de réévaluer ce qui nous convient ou non et de prendre des décisions pour changer ce qui doit l’être, pour améliorer ou retrouver notre bien-être.

Vue sur un glacier au loin
(image non libre de droit)
Glacier et champs de lave
(image non libre de droit)

Sortir de sa Zone de Confort et S’Adapter aux Imprévus

Le voyage, surtout lorsqu’il nous emmène dans des terres isolées comme l’Islande, est une formidable opportunité pour sortir de sa zone de confort. Chaque jour passé à explorer ce pays aux conditions parfois exigeantes, m’a rappelé combien il est important de se confronter à l’inconnu pour grandir, s’adapter et découvrir de nouvelles facettes de soi et de nouvelles capacités. En Islande, les conditions demandent une adaptation constante, une capacité à faire face aux imprévus et à aller au-delà de sa zone de confort. C’est dans ces moments que le pouvoir transformateur du voyage se manifeste le plus fortement, en nous poussant à évoluer.

Les défis du climat

Le climat Islandais est très changeant : il peut faire beau et, deux heures plus tard, c’est la tempête ! La météo n’est jamais acquise. Cela demande de s’adapter sans cesse et de ne pas avoir peur d’être trempé ou d’avoir froid. La météo était l’une des raisons qui me retenait de faire ce voyage : je n’aime pas le froid, et porter des habits d’hiver en été ne me réjouissait guère. Mais j’ai décidé d’aller au-delà de cet élément et de vivre l’expérience que je voulais vivre : parcourir et découvrir l’Islande sur ses fameux chevaux Islandais. Finalement, je dois dire que malgré les conditions parfois difficiles, je n’ai pas du tout été dérangée par cet aspect de mon voyage. Je suis sortie de ma zone de confort pour me rendre compte que finalement, j’avais amplifié l’inconfort de ce paramètre.

Les terrains difficiles

Les terrains en Islande sont difficiles et, eux aussi, très variés. Les terrains souples et réguliers sont rares. Souvent nous traversions des étendues de bosses, des chemins très rocailleux, parfois des champs de lave. Dans ces conditions, le cavalier doit faire en sorte de gêner le moins possible son cheval. Il doit aussi lui faire confiance, ne pas avoir peur qu’il trébuche et tombe, ni craindre les dénivelés descendus à toute vitesse. Les chevaux islandais marchent peu au pas, quel que soit le terrain, ils avancent vite, au trot ou au tölt. À nous, cavaliers, de nous adapter à ces conditions inhabituelles. De plus, afin de les préserver et de leur laisser des temps de repos, nous changions de cheval toutes les 2-3 heures (une horde d’une centaine de chevaux nous accompagnait en liberté tout le long du périple). Cela aussi demande une forte capacité d’adaptation, car nous avions à peine eu le temps de comprendre et nous habituer à notre nouveau cheval que nous devions en découvrir un autre.

Le pouvoir transformateur du voyage, chevaux et refuge islandais
Repos bien mérité pour les chevaux après environ 200 km parcourus en 6 jours. Les chevaux Islandais sont vifs et endurants, ils ont le pied sûr et ont un tempérament doux et attachant. (image non libre de droit)

Les conditions d’hébergement

Le troisième paramètre qui m’a poussée hors de ma zone de confort est la promiscuité et la simplicité des hébergements. Je n’avais pas dormi en dortoir depuis la classe verte ! Devoir sortir dans le froid pour aller aux toilettes alors que les soirées et les nuits sont très fraîches, c’était aussi assez inédit. Mais c’était ainsi, et il a fallu faire avec. Et là aussi, j’ai été surprise car finalement, cela ne m’a pas dérangée le moins du monde. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas un paramètre qui me freinera dans le choix de mes prochains voyages.

Alors, sortir de sa zone de confort, qu’est-ce que cela nous apporte ? Tout d’abord, je dirais que souvent, on se fait une montagne d’une situation que l’on projette avec nos appréhensions et nos peurs. Mais en réalité, lorsque nous passons le pas, lorsque nous osons dépasser nos limites et nos appréhensions, on se rend compte que ce n’est pas si inconfortable que cela. C’est souvent bien loin des difficultés que l’on s’imaginait, ou en tous cas, nous découvrons que nous en sommes tout à fait capables. Ainsi, on dédramatise des situations qui nous paraissaient compliquées, on prend confiance en nous et en notre capacité d’adaptation. « Si j’ai pu faire ça, je suis aussi capable de faire plus difficile. » Nous gravissons ainsi des échelons de difficulté, on se découvre plus fort, plus résilient. Nous agrandissons notre capacité à nous dépasser et même à nous surpasser.

Rassemblement du troupeau de chevaux, le pouvoir transformateur du voyage
Rassemblement du troupeau qui nous accompagne
(image non libre de droit)
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Un petit cheval qui m’a particulièrement touchée
(image non libre de droit)

La Connexion avec la Nature : Retrouver son Équilibre

La nature apaise, ressource, régénère. Être en plein milieu de la nature islandaise a eu un effet puissant sur mon bien-être émotionnel. Quelques semaines auparavant, un événement m’avait mise à terre et je remontais tout juste la pente, autant dire que ce voyage arrivait à point nommé ! J’étais encore envahie par des vagues de tristesse, d’incompréhension et de colère. Le contact permanent avec cette nature brute, ces montagnes, ces vallées, ces cours d’eau, ces champs de lave et ces glaciers, a apaisé mon esprit et mes émotions. La nature les a lavés, épurés. Comme si un grand coup de vent était venu balayer le surplus. J’ai pris du recul, de la hauteur, ainsi j’ai pu voir les choses sous un autre angle. J’ai mieux compris et j’ai avancé dans mon processus d’acceptation.

La nature a des super-pouvoirs : clarifier les pensées, stopper les ruminations, éclairer les incompréhensions, réduire le stress et l’anxiété, décanter les émotions, retrouver un équilibre intérieur. Ce n’est pas un mythe, c’est factuel. Et plus on s’immerge longtemps, plus on bénéficie de ses super-pouvoirs. Le simple fait d’aller marcher dans la nature lors d’un moment de stress, d’anxiété, de colère, de chagrin ou après une dispute, permet de revenir plus apaisé(e) et plus à même de gérer ce moment de détresse. Parfois, il faut se forcer à sortir, mais ça en vaut vraiment la peine !

Terres sauvages d'Islande, le pouvoir transformateur du voyage
(image non libre de droit)

L’Expérience Collective : Apprendre des Autres

La richesse des échanges culturels

Un autre paramètre à prendre en compte pendant un voyage, ce sont les autres. Les voyages nous confrontent souvent à des personnes différentes de nous par leur culture et leur façon de vivre, que ce soit les locaux ou nos compagnons de voyage. Ce qui est normal pour les autres ne l’est pas forcément pour nous, et inversement. Il ne faut jamais oublier que nous percevons le monde à travers des filtres très personnels qui ont été façonnés par notre culture, nos parents, notre éducation, nos expériences et notre vécu. Il y a autant de filtres que de personnes sur notre terre. Personne ne perçoit les choses de façon identique, chacun a sa propre carte du monde. Intéragir avec des personnes qui viennent d’horizons totalement différents demande beaucoup de souplesse, d’ouverture d’esprit et de tolérance.

Les autres comme miroirs de soi-même

Mais au-delà de cela, les autres agissent aussi comme un miroir de ce que l’on ne veut pas voir de nous-mêmes. Parfois, les comportements ou les attitudes des autres voyageurs peuvent nous agacer, nous frustrer ou même nous mettre mal à l’aise. Cependant, ces réactions ne sont pas simplement liées à l’autre personne, elles sont souvent le reflet de ce que nous ressentons nous-mêmes. Les autres agissent comme des miroirs, renvoyant des aspects de notre propre personnalité que nous préférons ignorer.

Par exemple, si quelqu’un nous irrite par son impatience, il est fort probable que nous luttons nous-mêmes avec cette caractéristique, ou que cela nous rappelle un aspect de notre personnalité que nous n’aimons pas et que nous avons refoulé dans notre part d’ombre (cette part de nous que nous avons envoyée dans notre inconscient au fil des années, afin de ne pas être rejetés par les autres). En prenant conscience de cela, il est intéressant de prendre un moment pour essayer de comprendre pourquoi cela nous dérange et ce que cela peut nous apprendre sur nous-mêmes. Qu’est-ce qu’on n’aime pas chez les autres qui reflète ce que nous n’aimons pas chez nous ? Comment réintégrer ces aspects de nous-mêmes que nous ne voulons pas voir et que nous n’acceptons pas ?

Le voyage est donc aussi une leçon d’humilité et d’auto-réflexion. Il nous pousse à voir au-delà de nos réactions immédiates, à analyser pourquoi certaines situations nous affectent de manière particulière, et à travailler sur ces aspects de nous-mêmes. Cette introspection, encouragée par les interactions avec les autres, est une autre forme de développement personnel que les voyages peuvent nous apporter.

Refuge islandais, le pouvoir transformateur du voyage
Refuge Islandais (image non libre de droit)

Conclusion : Intégrer les Leçons du Voyage dans la Vie Quotidienne

Les voyages ne laissent pas uniquement des souvenirs, des photos et des étoiles plein les yeux, ils apportent des transformations subtiles et profondes que l’on peut ensuite intégrer dans notre vie quotidienne. Ils sont un concentré d’expériences, qui agissent comme des catalyseurs d’évolution personnelle. Ils ont la capacité de nous faire grandir en peu de temps si nous restons ouverts et attentifs à ce qu’ils nous apportent. C’est précisément cela le pouvoir transformateur du voyage : la capacité de nous changer, parfois de manière imperceptible, mais toujours significativement.

Heureusement, sortir de sa zone de confort, apprendre à s’adapter aux imprévus, et se reconnecter à la nature ne sont pas des actions réservées aux voyages. Ce sont des attitudes que l’on peut cultiver au jour le jour. Même dans la routine, nous pouvons continuer à grandir, à apprendre, et à nous enrichir, sans quitter notre environnement familier.

Chaque jour est une nouvelle étape de notre voyage intérieur, et c’est à nous de décider comment l’aborder. Que ce soit à travers un voyage physique ou un voyage intérieur, l’important est de rester ouvert, curieux et toujours prêt à évoluer vers une meilleure version de soi-même. Et toi, comment vis-tu tes voyages ? Quels ont été les voyages qui ont eu le plus d’impact sur toi ?

Je voudrais terminer cet article en partageant ces quelques citations de voyages :

« Le voyage est la seule chose que l’on achète qui nous rend plus riche. » Inconnu

« On ne fait pas un voyage. Le voyage nous fait et nous défait, il nous invente. » – David Le Breton

« Voyager, c’est évoluer. » – Pierre Bernardo

« Investir dans les voyages, c’est investir en soi-même. » – Matthew Karsten

« Ce n’est que dans l’aventure que certaines personnes réussissent à se connaître – à se retrouver. » – André Gide

« Plus je vais loin, plus je me rapproche de moi-même. » – Andrew McCarthy

« Courir le monde de toutes les façons possibles, ce n’est pas seulement la découverte des autres, mais c’est d’abord l’exploration de soi-même, l’excitation de se voir agir et réagir. C’est le signe que l’homme moderne a pris conscience du gâchis qu’il y aurait à rendre passive une vie déjà bien courte. » Xavier Maniguet

« Voyager, c’est partir à la découverte de l’autre. Et le premier inconnu à découvrir, c’est vous. » Oliver Föllmi

« La vie commence à la fin de votre zone de confort. » Neale Donald Walsch

« Plus je vais loin, plus je me rapproche de moi-même. » Andrew McCarthy

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